WAFA GHORBEL À DAR SEBASTIAN

WAFA GHORBEL À DAR SEBASTIAN

Qui est Wafa Ghorbel ? Née un 13 décembre à Sfax, de nationalité tunisienne (sfaxienne !) et française (double, voire triple ou multiple), elle a tracé son chemin aux couleurs de ses rêves d’enfant. Comme elle n’en est pas à sa première rencontre-débat ou présentation médiatique, on l’a déjà enfermée dans le moule de la femme à « plusieurs casquettes » : universitaire, chanteuse, romancière.
Moi, je la vois autrement.
Je dirai plutôt : chercheure, artisane de la chanson par la voix, le texte et l’interprétation, écrivaine, et le champ reste ouvert, elle nous cache peut-être autre chose. Curieusement, il y a un lien entre ces trois domaines que l’on pourrait aisément croire distincts. Ce lien, pour Wafa Ghorbel, prend forme à travers un goût prononcé pour le voyage, fût-il virtuel, langagier ou linguistique, une curiosité innée pour les mots et les maux. Ce n’est ni la faute à Voltaire ni à Aboulkacem Chebbi, mais peut-être “la faute à” Sartre.
Chercheure, assurément : un mémoire de maîtrise sur « Le Mal dans Les Mouches de Jean-Paul Sartre », un mémoire de D.E.A sur « Le Mal dans Le Bleu du ciel de Georges Bataille », une thèse de Doctorat sur « Le Mal dans l’œuvre romanesque de Georges Bataille ». Décidément, « le mal » lui parle. Elle a aussi à son actif une vingtaine d’articles, voyageant essentiellement au fil des œuvres de Marguerite Duras et Georges Batailles, en quête de ce qui échappe à la maîtrise, de ce qui est étrange, de ce qui est indéfinissable.
Artisane de la chanson, passionnément : soliste dotée d’une voix très singulière, elle a fait ses premiers pas à l’école républicaine qui, il fut un temps, remplissait son rôle. On dit trop souvent que ce petit pays qui est le nôtre étouffe parfois la jeunesse et rechigne à accorder le moindre crédit à la créativité ou au talent. Wafa Ghorbel est la preuve du contraire. Elle fait fi des clichés, reprend des standards ou des chansons cultes en leur donnant une autre vie, un autre souffle, le sien. Elle traduit, elle modèle, elle module. La vie n’appartient pas du tout à ceux qui se lèvent tôt mais à ceux qui osent !
Écrivaine, évidemment : l’écriture est en effet une évidence au vu du parcours de Wafa Ghorbel. Des bancs de l’école à la chanson ; de la chanson à la littérature ; de la littérature à la critique et de la critique à l’art. Un cheminement où les étapes se suivent de manière atypique mais tout à fait logique. Cette évidence a peut-être mis du temps à s’imposer mais, à la lecture du « Jasmin Noir » et du « Tango de la déesse des dunes », on voit bien que le feu sacré sommeillait en elle depuis toujours. L’écriture n’est pas uniquement un moyen d’expression. C’est aussi une quête, une insurrection et parfois même une résurrection.
J’ajouterai, pour finir, qu’elle est aussi danseuse ou, du moins, c’est ainsi que je la vois, même si elle ne s’est pas essayée à cet art d’une manière professionnelle. Je dirai même plus, comme les Dupont et Dupond, elle est surtout danseuse. C’est une danseuse dans l’âme puisqu’elle se meut, de la manière la plus gracieuse, d’un espace d’exploration à l’autre, d’un moyen d’expression à l’autre, d’une source d’impressions à l’autre…
Rym Kheriji

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