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IMMERSION DANS L’UNIVERS DE NABIL MANNAÏ

Auteur, compositeur et interprète autodidacte, Nabil Mannaï est, pour quelques semaines, accueilli au #Centre_Culturel_International_de_Hammamet qui pilote le programme d’accompagnement artistique #Act_Now, financé par Tfanen-Tunisie Créative تفنن – تونس الإبداعية. En général, les personnes qui entrent dans le domaine de Dar Sebastian sont impressionnés d’une manière ou d’une autre par la beauté du lieu et la sérénité qu’il inspire. Certaines sont comme frappées, non par un syndrome de Stendhal ou de Florence, trop négatif et anxiogène, mais par un nouveau syndrome, celui de #Dar_Sebastian, qui favorise la #créativité et l’ouverture à l’autre. Elles tombent littéralement amoureuses de cet espace unique. La connexion au Cosmos est immédiate. Nabil Mannai fait partie de ces personnes privilégiées. Dès les premiers jours de sa résidence, une symbiose entre l’être et son environnement s’est créée. Ses compagnons de scène, Tanguy Jouanjan à la trompette, Mathieu Schmitt à la basse et contrebasse, Maxime Barcelona à la guitare et Taha Ennouri à la batterie, l’ont rejoint au Centre Culturel International de Hammamet pour une résidence artistique en préparation du concert qu’ils présenteront le 16 mars au 4e Art. Nous avons eu l’opportunité, au début de sa résidence, de lui poser quelques questions afin de nous éclairer sur son parcours musical et son rapport au CCIH en tant que lieu de créativité.

 

– Nabil Mannaï, parlez-nous de vous. Qui êtes-vous ? Comment avez-vous découvert l’art en général et la musique en particulier ?
– Nabil Mannaï : Je suis auteur, compositeur et interprète. J’ai été très tôt en contact avec différentes formes d’expression artistiques, comme la poésie par exemple. Je me plais à dire que l’art est partout. C’est de l’intensité de vie, de la vitalité… formulées dans toutes les langues et les expressions. J’ai découvert la musique grâce à un cadeau. Une amie de ma mère qui s’appelle Kounouz (un nom prédestiné, le hasard fait souvent bien les choses) m’a offert une boite à rythmes, lorsque j’avais six ans.
– Votre dernier projet, Tree9, existe depuis deux ans. Mais lorsque l’on remonte à vos débuts, on constate que le premier titre, A-Way, est la version anglaise de Tree9. Votre cheminement artistique voyage également dans les langues. Comment interpréter le choix aujourd’hui de la langue tunisienne ?
– N.B : Le choix n’est pas définitif. Je continue à écrire dans les langues que je parle sans me fixer de limites. Écrire en Tunisien revêt une intensité particulière. C’est pour moi une cause digne d’être défendue. La langue tunisienne n’a presque pas de littérature, de poésie, qui traduiraient ses sentiments informulables jusque-là. Elle n’a pas de palettes de couleurs d’expression aussi large que les palettes de couleurs des sensations, des émotions et des sentiments qu’elle inspire. Je trouve cet état de fait fascinant car tout reste à découvrir, à inventer…
– Chemin, sentier, voie : autant de synonymes qui suggèrent l’importance, dans votre travail, de la recherche, de l’exploration, de la découverte. Pourquoi avoir mis en relief la dimension de la quête en tant que dénominateur commun de toutes vos expériences musicales ?
– N.B : La quête est la destination. Une voie, un chemin est en soi une destination. C’est cette idée première qui est derrière le choix du nom «طريق », « A way ». La deuxième idée rejoint celle de la relativité : c’est la forme indéfinie qui l’exprime. Il s’agit de « A way » « طريق » et non pas « الطريق » ou « the way », parce que c’est un chemin parmi une infinité de chemins qui s’offrent à nous. The Doors ont choisi de s’appeler ainsi grâce à un poème de William Blake : « If the doors of perception were totally cleansed everything would appear to man as it is : Infinite ». Si les portes de la perception étaient totalement nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est : Infinie. Les perceptions sont différentes et relatives au point de vue selon lequel on se place pour observer ou contempler le monde. Leur union, c’est l’infini… C’est cet ensemble d’idées qui nous a inspiré le nom du groupe.
– Dans cette quête existentielle perpétuelle, que vous apporte le séjour en incubation au CCIH ?
– N.B : Le séjour au Centre Culturel International de Hammamet me renseigne d’avantage sur le mode de vie qui me parait naturel. Il me permet d’être en contact plus facilement avec mère nature. Savoir que la mer est toujours là, établir des contacts humains naturellement et non pas par contrainte, le silence, la solitude au besoin, sont autant de sources d’inspiration. Le CCIH est un havre de paix où tout cela redevient possible.
– Cette résidence artistique vous semble-t-elle répondre à vos besoins actuels ? Si oui, dans quelle mesure ?
– N.B : Oui elle correspond tout à fait à ce que je cherchais pour toutes les raisons citées dans ma réponse précédente. Elle m’offre également un autre atout et non des moindres puisque mes camarades vont me rejoindre dans ce cadre exceptionnel et j’espère que l’on pourra travailler dans les conditions qui nous permettent de sublimer notre musique. Je suis à cet effet en train de préparer et d’alimenter en amont la résidence « Live ».
– Y-a-t-il un impact sur la vision que vous avez du projet que vous portez ? Si oui, comment décrivez-vous cet impact ?
– N.B : L’impact essentiel est une bouffée de sérénité et de courage. L’impact est également émotionnel car cette résidence permet à « طريق » de se retrouver au complet, de fêter de nouvelles musiques et de sublimer sur scène les anciennes.

Interview menée par Rym Khriji

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